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Histoire de Billé par Jean-Marie Guet

Une paroisse de l’arrondissement de Fougères - Billé
par Jean-Marie Guet (Vitré, 1892)

EEn 1892, paraissait un ouvrage, imprimé par Lécuyer Frères de Vitré, dans lequel Jean-Marie Guet, recteur de Billé, retraçait l'histoire de sa paroisse. Il s'inspirait du livre de paroisse rédigé par ses prédécesseurs et eux mêmes avaient utilisé, pour les périodes les plus anciennes, les registres de mariages, baptêmes et sépultures tenus par les prêtres de la paroisse avant la Révolution. Ce travail de synthèse est d'un grand intérêt et nous en publions ici l'intégralité.

L'Abbé Jean-Marie Guet

Né à Vitré le 23 mars 1843 d'une famille de tisserands dans la rue d'Ernée, il fut Recteur de Billé de 1886 à 1897. Nommé alors Recteur de Paramé il y décéda le 8 décembre 1905.

CHAPITRE I

Coup d'œil général

I

Sur la route de Vitré à Fougères, à vingt kilomètres de la première et à huit de la seconde ville, s’élève le bourg de Billé. La route nationale de Caen aux Sables-d’Olonne le traverse du Sud au Nord et forme la rue principale bordée de maisons assez simples mais bien bâties. Une autre rue longe le mur Nord du cimetière, pour se diviser, devant le Presbytère, en deux autres petites rues. La première ouvre le chemin de grande communication n° 45, qui va vers Saint-Aubin-du-Cormier par Saint-Georges-de-Chesné; la seconde dresse ses quelques maisons sur le chemin vicinal n° 6, de Billé à Romagné, chemin encore en voie d’exécution.

L’une de ces maisons mérite d’être signalée. Sa façade est percée de deux portes Renaissance, flanquées de hautes fenêtres du même style qui éclairent deux vastes salles remarquables par leurs grandes cheminées à colonne, chambranles et linteaux de granit. Au Nord, une tourelle enferme un escalier qui monte au premier étage et descend aux caves. On appelle cette maison la Chapellenie. D’où lui vient ce nom? Les registres paroissiaux ne nous ont rien appris à ce sujet. Aucun des nombreux prêtres, dont nous avons soigneusement relevé les signatures, ne fait suivre son nom de la qualité de chapelain. Mésauboins ou Maintiboeuf possédaient-ils un chapelain pour le service de leur chapelles... ? Existait-il un chapelain chargé de desservir dans l’église paroissiale quelques fondations établies par les seigneurs de la Ronce... ? Un ancien recteur, M. Hautbois, l’affirme: faute de preuves authentiques, toutes les conjectures sont permises.

Le bourg de Billé - autrefois très vivant quand les diligences faisaient le service entre Vitré et Fougères - compte près de 150 habitants, fermiers, ouvriers, industriels, commerçants, aubergistes surtout, qui vont se multipliant davantage, grâce à la haute protection qu’accorde à cette triste industrie le régime républicain. Il est à regretter, pour le commerce local, que le chemin de fer de Vitré à Fougères soit si fort éloigné de la route qui relie ces deux villes. La dépense comme construction a été plus considérable, la route beaucoup plus longue et le rendement si insignifiant que la compagnie a fini par la banqueroute

II

La paroisse de Billé, qui comptait au dernier recensement 1,078 communiants, était autrefois doyenné et maintenant simple succursale. Elle est limitée au Nord par La Chapelle-Saint-Aubert, Romagné et Javené; à l’Est par Javené et Parcé; au sud par Combourtillé, Montreuil-des-Landes, Parcé et Saint-Georges-de-Chesné; à l’Ouest par cette dernière paroisse et celle de Vendel. Sa superficie totale est de 1,687 hectares 14 ares 16 centiares, dont les principales divisions sont:

1 188hectaresen terres labourables;
239-en prés et pâturages;
6-en bois;
34-en vergers et jardins;
126-en landes et autres terrains incultes;
24-en étang;

Cette statistique du Continuateur d’Ogée n’est plus exacte. L’étang de Billé, un des plus vastes du département est maintenant desséché et son propriétaire travaille à le transformer en prairie.

L’agriculture, en se développant chaque jour davantage, a changé en terres labourables la presque totalité des landes dont il reste à peine quelques-unes dans la partie Nord-Ouest de la commune. “La superficie totale des propriétés bâties est de 13 hectares et le contenance non imposable de 57 hectares. Les constructions diverses sont au nombre de 287”.

Plusieurs de ces constructions ont disparu. Le Margat, la Maison-Rouge, le Pressoir, la Louisetière, le Champ-Busson, le Pihoin et plusieurs autres fermes ont été détruites et leurs champs annexés aux villages voisins. La nouvelle appréciation des propriétés bâties, projetée par le Gouvernement, modifiera sans doute ces évaluations du Dictionnaire de Bretagne.

Billé possédait naguère quatre moulins: la Loirie sur le Couasnon, aux confins des paroisses de Vendel et de la Chapelle-Saint-Aubert; Billé, près de l’étang du même nom; Mésauboins, sur le ruisseau qui sort de l’étang de Billé. Ces trois moulins ont été détruits, seul Guérets reste au fond de son vallon solitaire, sur la petite rivière de la Muet (sic), tout au bord de la paroisse de Javené. “La paroisse est limitée au Nord par le Couasnon, depuis le village de la Loirie jusqu’à celui des Minières; un peu vers l’Est, par la Muet, petite rivière qui sort de l’étang de Mué et va se jeter dans le Couasnon à quelque distance du moulin de Beccan, en Javené; au Sud, par le ruisseau de Billé, depuis l’étang de ce nom jusqu’au-dessus de Mésauboins. Les terres sont réputées fort bonnes. Géologie: Schiste argileux”.

Le sol de Billé devrait, dans sa majeure partie, être classé parmi les terres de première qualité, et donner par là même à cette commune, un des premiers rangs parmi celles à qui leur rendement en céréales a fait dans notre département une place à part. D’où vient qu’il n’en est point ainsi? A notre avis, cette situation inférieure tient à trois causes principales: le morcellement de la propriété; la multiplicité absolument insensée des arbres autour des champs; et enfin l’attachement routinier aux vieilles méthodes et l’absence à peu près complète des instruments aratoires que l’industrie moderne fournit à l’agriculture pour faire vite et bien. Le fameux poiré qui fit à Billé une réputation si étendue qu’on a pu lire sur une enseigne d’auberge, en la ville du Mans: “Ici on vend du poiré de Billé”. Le poiré de Billé, hélas! sera bientôt “où sont les neiges d’antan”. Le poirier tombe pour faire place au pommier dont le produit est préférable, dure plus et se vend mieux.

Ajoutons que la commune de Billé, grâce aux efforts de sa municipalité, est traversée de nombreux chemins vicinaux ou de grande communication qui relient le chef-lieu aux bourgs voisins et favorisent la culture en facilitant le transport des engrais. Quand une route vicinale, partant du chemin n° 6 et courant de la Chantelleraye au village des Fosses, à l’Épinay, passant près des Noës et de la Bordellière, pour rejoindre le chemin n° 4, facilitera l’accès du bourg aux habitants de ces villages, des Minières, de Maintiboeuf, la Rouelle, le Domaine, le Ronceray, et., Billé n’aura plus rien à envier aux communes les mieux dotées par les agents de la vicinalité. Il faudra pour y arriver faire rectifier le tracé depuis longtemps approuvé d’un chemin vicinal très avantageux à certaines personnalités plus ou moins influentes, mais tellement inutile à la commune qu’un conseil municipal intelligent et soucieux des intérêts de ses commettants n’en saurait permettre l’exécution; à moins, ce qui contenterait tout le monde, d’ordonner l’exécution des deux chemins.

Et puisque nous sommes au chapitre des redressements, qu’on nous permette d’en solliciter un autre des agents du service vicinal et du Conseil de la commune. Nous prions que le chemin n° 6 incline désormais à l’Est et frappe, dans son tracé, une ignoble baraque - respectée pour obéir à des influences inavouables - et cesse d’atteindre dans son alignement le Presbytère, maison communale, qui devrait être reconstruite au frais des contribuables. Nous voulons croire que les inspirateurs du vote, et ceux qui sont restés muets à l’enquête, n’ont pas eu conscience des charges qu’ils imposaient à la commune.

III

Plus heureuse que bien d’autres paroisses, celle de Billé a gardé son cimetière autour de son église et nous n’avons jamais vu, n’en déplaise aux commissions d’hygiène, que la santé des habitants du bourg en eut souffert. Peut-être serait-il à désirer pourtant qu’on mit plus d’ordre à l’ouverture des tombes. Mais il existe ici une coutume, née d’un pieux désir. On veut être groupés en famille dans la tombe comme au foyer paternel. De là un désordre forcé dans le cimetière. La municipalité ne veut ou n’ose réagir contre cette vieille coutume. Nous nous garderons bien de lui en faire reproche; à sa place nous ferions comme elle.

Nulle part le culte des morts n’est plus en honneur. Pour s’en convaincre, qu’on visite le cimetière, surtout dans la partie qui fait face à la grande porte de l’église. Les croix s’entassent sur les croix; les vieilles déjà rongées par le temps et l’humidité, supportent leurs bras qui tombent sur d’autres croix plus neuves. Jamais on ne songea à faire disparaître ces souvenirs de ceux qui ne sont plus; on laisse le temps faire son oeuvre. Ce n’est point la régularité des cimetières de nos villes, où les monuments funèbres s’alignent au cordeau comme les maisons des rues. L’oeil est moins flatté, sans doute, mais le coeur est plus satisfait. Il comprend le religieux respect que cause cet apparent désordre. Dans le cimetière, à la place réservée pour la sépulture des prêtres, s’élève un fort beau calvaire, en granit de Kersanton, sculpté par l’habile ciseau d’Hernot. De l’avis de tous, la place est mal choisie; mais on a cédé au pieux désir d’un saint qui voulut pouvoir à chaque instant contempler l’image tant aimée de son Rédempteur.

IV

“L'église de Billé est sous l’invocation de saint Médard, évêque de Noyon. Elle est formée d’une nef et de deux transepts qui communiquent avec elle au moyen de deux arcades géminées; elle semble avoir été presque entièrement reconstruite dans la première moitié du XVIè siècle.

“La grande arcade qui sépare le choeur de la nef paraît remonter à une époque plus ancienne. Les arceaux, de forme ogivale en tiers-point, reposent sur deux pilastres, engagés dans la muraille, dont les bases, enfouies dans le sol, accusent un exhaussement du pavé assez considérable.

“ Les tirants, à l’endroit où ils se détachent de la muraille, sont ornées de têtes de crocodile sculptées, et leurs mâchoires, armées de dents, semblent servir de soutien au madrier dont ils sont formés.

“Le maître-autel est surmonté d’un rétable en pierre dans le genre de ceux que l’on voit à Parcé, à Dompierre..., etc..., et qui appartient au XVIIè siècle.

“La porte qui s’ouvre dans le porche est ornée de chambranles de granit en application, avec des ornements de la Renaissance”. (Maupilé: Notices historiques et archéologiques sur les paroisses des deux cantons de Fougères).

Ces lignes de M. Maupilé appellent quelques modifications. Il est évident, à la seule inspection de l’église, qu’elle se compose de deux parties complètement distinctes par leur architecture. Le transept et l’arcade du choeur sont les restes d’une ancienne église dont le chevet à été reconstruit à une date relativement moderne, facile à préciser, du reste, puisque le constructeur a pris soin de la faire graver sur la fenêtre sud du choeur: 1629. Ce fut à ce moment, sans doute qu’on enferma dans le mur du chevet actuel l’archivolte d’une ancienne baie qui devait orner le chevet primitif. La nef fur réédifiée en 1758 par Eusèbe Bougret, doyen de Billé. Il est regrettable que ces reconstructions aient été faites sans goût et dans un style sans nom, qui n’a de rapport aucun avec les restes de l’ancien édifice.

Il est faux aussi que les pilastres supportant l’arcade du choeur soient engagés dans le sol. Lors du pavage de l’église, en 1889, le recteur de Billé, s’appuyant sur les dires de M. Maupilé, fit opérer des fouilles pour dégager, s’il était possible, ces bases qu’un exhaussement malheureux avait cachées. Ses efforts furent inutiles. La dernière pierre taillée des demi-colonnes reposait des deux côtés sur une large pierre brute, rendant impossible toute croyance aux suppositions de l’éminent archéologue.

L’année précédente, en reconstruisant à neuf le parquet du choeur, on trouva une pierre tombale portant sculpté en relief un personnage en pied, couché dans son armure. Une pierre semblable servait de marche à la porte Sud de l’église. Elle fut enlevée et placée plus en vue sous le porche, près de la porte Nord; celle du choeur est restée à sa place. A n’en pas douter cette pierre marque l’enfeu des Croc de la Ronce, seigneurs de Billé, dont la sacristie Sud actuelle était la chapelle seigneuriale.

À la rencontre des deux arcades du transept Sud saillit une pierre de granit portant un écusson, dont les pièces sont aujourd’hui illisibles. C’était sans doute celui des mêmes seigneurs qui avaient droit de litre dans l’église de Billé.

Sur le linteau de la porte du même transept on a gravé deux écussons accolés qu’effacèrent les vandales de la Révolution. Ils sont surmontés d’une même couronne de comte et ont gravés de chaque côté les deux chiffres de la date 16-64.

Le transept Nord avait aussi sa porte que fit murer M. Douard, après un accident qui occasionna mort d’homme.

Les autels latéraux du Rosaire et de Saint-Louis - maintenant de Saint-Joseph - et les deux petits autels placés aux angles du choeur furent construits en 1764.


CHAPITRE II

Le Doyenné

Billé, "Ecclesia de Billeio (1157), Bileium (1185), Billeyum (XVIè siècle)" faisait partie du diocèse de Rennes, de l’archidiaconé de Rennes et était le siège du doyenné du Fougerais. Aujourd’hui cette paroisse fait partie du même diocèse, de l’archidiaconé de Saint-Malo et du doyenné de Saint-Léonard de Fougères.

“C’est au commencement du XIIè siècle que nous trouvons la première mention faite de l’église de Billé. Elle était dès lors unie à Notre-Dame de Vitré dont elle formait une dépendance.

“André, seigneur de Vitré (1009-1116), ayant disposé de celle-ci en faveur de l’abbaye de Saint-Melaine, l’église de Billé passa avec elle aux mains des religieux, qui furent également mis en possession du cimetière et des dîmes de la paroisse. Il ne paraît pas qu’elle soit restée bien longtemps dans cette condition. Une charte de 1157 par laquelle Robert de Vitré, petit-fils d’André et le second de ses successeurs, confirma à l’abbaye de Saint-Melaine la donation de son aïeul, nous apprend en effet, que dès lors l’église de Billé avait cessé d’être unie à celle de Notre-Dame. Elle en avait été détachée à la suite d’actes de violence qui avaient amené une effusion de sang et avaient eu pour conséquence la profanation du vaisseau et du cimetière. La charte ne nous fait connaître ni la nature ni les auteurs de ces actes. Elle se borne à nous faire entendre que le seigneur de Vitré ne put ni les empêcher ni les prévenir”.

On peut, sans témérité, croire que pendant la guerre soutenue par Robert de Vitré contre le duc Conan, un combat fut livré à Billé entre les troupes du duc et celles du baron de Vitré, soutenues par celles du baron de Fougères (1140-1150).

“Pour donner une certaine satisfaction aux religieux, le baron de Vitré s’engagea envers eux à leur remettre l’église ainsi que le cimetière lorsqu’il en aurait obtenu la réconciliation (Dom Morice, Preuves, I colon. 630).

Cet engagement fut-il tenu et les religieux rentrèrent-ils en la possession de leur église...? M. Maupilé l’ignore complètement; M. le chanoine de Corson, dans son Pouillé historique, l’affirme et en apporte une preuve indiscutable. “En effet, en 1185, le pape Luce III confirma Gervais, abbé de Saint-Melaine, dans la possession de cette église. Ecclesiam Billeio”.

A quelle époque Billé passa-t-il entre les mains de l’Ordinaire? Les auteurs que nous venons de citer présument que le conflit élevé entre les ravisseurs de cette église, d’un côté, et le seigneur de Vitré et les religieux de l’autre, se termina par un arrangement qui remit l’église en litige en la possession de l’évêque de Rennes.

Plus tard, en 1307, Pierre, doyen de Vitré, était aussi doyen du Vendelais (Paris-Jallobert, Vitré, planche I) et, d’après M. Maupilé, Billé était le siège de ce dernier doyenné. Il est donc certain qu’au XIVè siècle l’abbaye de Saint-Melaine ne possédait plus rien dans cette paroisse.

Si Billé fut le siège du doyenné du Vendelais, dès le premier jour de sa fondation, à quelle époque devint-il le siège du doyenné de Fougères? Malgré les plus actives recherches, il nous a été impossible de préciser une date. Le fait s’impose, mais son heure et sa raison d’être nous échappent. Nous ne saurions du reste accepter les explications de M. Maupilé.

“Il faut, nous dit ce savant, descendre jusqu’aux premières années du XVIè pour retrouver la trace de l’église de Billé: elle était dès lors le siège du doyenné de Fougères, mais tout en étant le siège de cette juridiction elle n’en était pas le titre.” Qu’importe cette distinction? Le doyenné de Vitré avait son siège à Balazé et celui de Louvigné-du-Désert à Montault. Ces paroisses étaient les sièges du doyenné sans en être les titres; mais les titulaires étaient-ils moins doyens et les recteurs des paroisses titres moins soumis à leur juridiction? Ainsi en était-il des recteurs de Fougères vis-à-vis du doyen de Billé et les dents des jaloux n’y sauraient mordre.

“Le titre de doyen fut d’abord personnel et ne fut attaché à une paroisse qu’à une époque relativement moderne”; c’est connu et tous les auteurs l’attestent. Je n’en veux pour preuve que le doyenné de Vitré, possédé d’abord par des prêtres de la Chapelle-Erbrée, Availles, Notre-Dame de Vitré,...etc..., pour venir aux recteurs de Balazé en 1654. Et encore Balazé fut-il privé de cet honneur pendant tout le décanat de Georges Pèlerin, recteur de Vergéal. M. Maupilé avait donc beau jeu pour établir une thèse dans laquelle il s’est efforcé de diminuer Billé et ses doyens. Étant donné la situation actuelle de Billé vis-à-vis de Fougères, le procédé n’est pas généreux; il n’est pas même loyal. M. Maupilé devait, pour être vrai, nous dire que depuis le premier recteur connu, M. Jehan de la Choltais (1529), jusqu’à M. Hunault (1792), tous, sans exception, les doyens de Billé ont signé: Doyens du Fougerais, du Vendelais, etc.

“Le recteur de Billé, écrit encore le même auteur, comme doyen du Fougerais, prenait en cette qualité le titre de recteur-doyen de Billé; mais lorsqu’il s’agissait de sa dignité, abstraction faite de sa cure, il prenait exclusivement le titre de doyen de Fougères ou doyen du Fougerais”.

L’explication de cette distinction, alors même qu’elle fût fondée, serait trop facile à fournir. Mais elle est née de toutes pièces de l’imagination du savant archéologue et nous affirmons que, parmi les nombreuses signatures des doyens de Billé qu’il nous a été donné de relever, pas une n’autorise une distinction inventée pour une méchante cause. Il y a plus. Les recteurs du doyenné, dans les pièces officielles que leur charge les oblige à fournir, ne parlent jamais du doyenné de Fougères, mais toujours du doyenné de Billé. Par exemple, je lis dans une déclaration de M. Guillaume Le Masson (1690-97): “Je, Guillaume Le Masson, recteur de la paroisse de Chienné, doyenné de Billé” (Archives de la paroisse de Saint-Georges-de-Chesné). Souvent en parcourant les registres des paroisses voisines (v.g. le cahier du saint abbé Gavard à Parcé), j’ai trouvé cette mention “par la permission de M. le doyen de Billé”.

Il serait inutile d’insister.

”Plus tard, il est vrai, continue M. Maupilé, les curés de Billé ajoutèrent à leur titre de curé-doyen (sic) l’énumération des pays soumis à leur juridiction et se qualifièrent de doyens de Fougères, Antrain, Bâzouges-la-Pérouse et du Vendelais; mais cette usurpation vaniteuse (!) n’eut jamais le caractère d’un titre officiel”.

On voit que la pensée de Fougères, naguère soumise à la juridiction du doyen de Billé “pauvre petite communauté rurale”. - M. Maupilé y reviendra bientôt - hante la pensée de l’archéologue et lui fait commettre des erreurs. Ce n’était pas curé-doyen mais recteur doyen que signait le recteur de Billé.

Le Pouillé historique s’est gardé de tomber dans la même faute. Mais pour corriger sur ce point M. Maupilé, il a hasardé une affirmation en contradiction absolue avec les registres paroissiaux. “Quelquefois” écrit-il, en reproduisant la phrase des Notices historiques citée plus haut. Ce n’est pas quelquefois c’est toujours au moins depuis 1618; ce n’est pas un mais tous les doyens de Billé qui signent en faisant suivre leur nom de ces titres qui leur valent l’épithète sévère de vaniteux.

Vaniteux?... et pourquoi? Dans un temps où chacun fait suivre son nom de tous les titres qu’il possède et craint tant de perdre une ligne de sa taille, cette épithète étonne. Antrain, Bâzouges-la-Pérouse, Fougères, le Vendelais entier étaient-ils oui ou non soumis au doyen de Billé? Poser la question c’est la résoudre. Si la juridiction de Billé sur ces paroisses est certaine, où donc est la vanité?

Si quelqu’un avait le droit de protester contre cette “usurpation de titres” c’était l’évêque. Connaît-on quelques protestations de l’autorité épiscopale? Les recteurs des paroisses ci-dessus nommées sembleraient avoir eu quelque droit à protester; et ces messieurs laissaient faire, sans doute par humilité. En 1762, au baptême d’un François Bussard, M. Gaulthier signe au registre doyen d’Antrain; preuve évidente que cette signature était acceptée comme légitime par ceux-là même qui avaient le plus d’intérêt à la contester.

“Ce ne fut qu’au XIVè siècle, peut-être, qu’on songea à inféoder la dignité de doyen à une église et à l’y attacher d’une manière fixe et permanente, de telle sorte que le titulaire de l’église fut également investi de la dignité... Au moment de cette transformation la fusion des doyennés de Fougères et du Vendelais était un fait accompli et l’église de Billé fut choisie pour être le siège des deux doyennés réunis... Mais quel put être le motif qui valut à l’église d’un simple village cet insigne honneur, ce remarquable privilège qui lui subordonnait en quelque sorte toutes les églises de la contrée?” (Maupilé et P.H.).

Ce motif, “assez difficile à pénétrer,” M. Maupilé l’attribue d’abord à ce fait que le recteur de Billé était la nomination de l’évêque, préférant nécessairement une église dépendant de lui à celles sur lesquelles il n’avait qu’une autorité restreinte.

Cette raison put faire pencher la balance en faveur de Billé, mais elle ne saurait être admise comme cause déterminante. En effet, sur les 25 paroisses du doyenné de Fougères proprement dit, 8 étaient à la nomination épiscopale; et sur les 21 paroisses du doyenné de Vendel, 7 relevaient pour la nomination de leurs titulaires de la même autorité. Monseigneur de Rennes n’avait sur ces 15 paroisses que l’embarras du choix.

Le même auteur donne ensuite comme motif de ce choix l’ancienneté de la paroisse et sa proximité du chemin Charles. L’ancienneté de la paroisse est hors de doute, puisque “vers le milieu du XIè siècle un chevalier breton du nom de Hamon donna à l’abbaye Saint-Florent de Saumur le quart des revenus de Vendel avec toutes les dîmes de Mésauboins en Billé” (Bertin et Maupilé.) Vendel est pour le moins aussi ancien que Billé, comme Billé, bâti près du chemin Charles et comme lui aussi à la nomination de l’évêque. Parcé avait les deux mêmes avantages. Là n’est donc pas la cause.

Nous pensons que M. Maupilé est allé chercher bien loin une raison qu’il pouvait trouver dans son travail même. Au moment inconnu de l’annexion du doyenné de Fougères à celui du Vendelais, Billé était déjà le siège de ce dernier doyenné. L’évêque ne chercha point ailleurs un titulaire et réunit toutes les paroisses du doyenné annexé à celles sur lesquelles le doyen de Billé avait déjà juridiction. C’est simple: mais cette explication d’un fait qui chagrine M. Maupilé nous parait la seule acceptable.

Ce doyenné acquit ainsi une très grande importance. Le doyenné du Vendelais comptait déjà 21 paroisses et 5 prieurés. Le doyenné de Fougères ajoutait à cette juridiction une abbaye, 14 prieurés, 62 paroisses et une trêve; ce qui faisait au doyenné de Billé une situation toute exceptionnelle.

Peut-être pourrait-on chercher dans la haute situation de Billé, vis-à-vis des autres paroisses du diocèse de Rennes, l’explication de ces mots du Pouillé historique: “Le concile de Trente ordonna dans chaque évêché la création d’un grand séminaire, mais ses décrets sous ce rapport ne furent exécutés dans notre diocèse qu’au XVIIè siècle. C’est Mgr de la Motte-Houdancourt qui songea le premier sérieusement à créer un établissement de ce genre. Il projetait de l’établir à Billé, près Fougères, lorsqu’il fut, en 1661, transféré du siège de Rennes sur celui d’Auch. Mgr de la Vieuville, son successeur, l’établit à Rennes. (Notice historique sur le Grand Séminaire, G. de Corson, 121).

“La cure de Billé avait d’assez beaux revenus, parce que le recteur était seul décimateur dans la paroisse... Il levait la dîme à la onzième sur les gros grains, les lins et les chanvres et à la septième sur les cochons de lait”. Lorsque Julien Hunault entra en possession de la cure, en 1786, il trouva les dîmes affermées par son prédécesseur, 5,520 livres, plus 112 demeaux de seigle dus par le recteur au Général de la paroisse. Ce même Julien Hunault déclara, en 1790, que sa cure de Billé pouvait valoir, toutes charges déduites, y compris la pension des deux vicaires, environ 3,000 livres net (P.H.IV.,164).

Il nous reste à constater l’existence de deux chapelles sur le territoire de la paroisse, l’une à Maintiboeuf, l’autre à Mésauboins.

La chapelle de Maintiboeuf n’existe plus et nous ignorons à quelle époque elle a été détruite. Celle de Mésauboins existe encore; elle a été enlevée au culte en 1852. Nous lisons en effet dans le registre de la paroisse, sous la signature de M. Douard, la note suivante: “Monseigneur l’évêque a permis expressément de convertir à des usages profanes la chapelle de Mésauboins; laquelle permission authentique a été donnée par M. Combes, vicaire-général, à M. le marquis de Saint-Pierre, qui a donné à cette occasion 100 francs et des pieds de bois à l’église de Billé”.

En 1660, Georges de Gaulay, seigneur du Boisguy, avait épousé dans cette chapelle Guyonne Becdelièvre du Bouëxic.

Longtemps elle avait été un lieu de station pour les processions des Rogations et, quand elle eut perdu sa destination première, le propriétaire, pour la remplacer et continuer la tradition, fit dresser prés des fermes de Mésauboins une croix de granit à la quelle les processions se rendent chaque année.”

Ces deux chapelles étaient desservies par des chapelains particuliers qui n’étaient ni le doyen, ni les vicaires de Billé.” (Note). Peut-être ces prêtres habitaient-ils la maison que l’on nomme encore la Chapellenie et dont nous avons précédemment parlé.


CHAPITRE III

Doyens, Recteurs et Vicaires de Billé

Le premier des recteurs-doyens de Billé dont parle le Pouillé historique du diocèse est Jehan de la Choltais en 1529. Il appartenait à la famille de Boislebon, seigneurs de la Choltais, Saint-Georges-de-Chesné, l'Échange, Maintiboeuf, etc.

Après lui le même ouvrage nomme Pierre de Bauldrier chanoine de Rennes, doyen de Billé et Fougères, comme le prouve son épitaphe gravée en bordure sur une pierres tombale placée dans l'ancienne cathédrale de Rennes, au pied de l'autel, dans la chapelle de Vilboux: Cy-gist messire Pierre de Bauldrier, doyen de Billé et Fougères, chanoine de Rennes, décédé le 14 juin 1582.

Jehan Charbonnel était doyen de Billé en 1590; il fut poursuivi comme ligueur.

André Charbonnel, chanoine de Vitré, aumônier de la reine-mère, lui succéda comme doyen de Billé et Fougères en 1597. Il mourut le 7 novembre 1606 et fut inhumé le 9 dans l'église collégiale de la Madeleine de Vitré.

Jehan Le Lymonnier, sieur d'Ardilloux, fils de Jehan Le Lymonnier, seigneur des Haries, et de Renée Le Moyne, devint doyen de Billé et mourut le 14 août 1618.

En cette année commencent les registres de la paroisse conservés à la mairie. Le premier doyen dont nous relevons la signature est M. Paul Leduc.

Il succéda à Jean Le Lymonnier. Comme ceux qui l'avaient précédé, et comme ses successeurs à la tête de la paroisse, il signe: Doyen du Fougerais, du Vendelais, Bazouges-la-Pérouse et Antrain. Sa dernière signature est de décembre 1627. J'ignore s'il mourut à Billé ou résigna son bénéfice, car le registre des décès ne fait pas mention de sa mort. Il eut pour vicaires:

Nicolas Chevrier, né à Billé. Il en était déjà curé en 1618 et y resta jusqu'en 1632;

Jacques Lohier, né à Billé, fut sub-curé de cette paroisse du 21 mars 1619 au 20 mai 1623;

Denis Boucel, né comme les précédents dans la paroisse, fils de Julien Boucel, sieur de la Bilourdière, fut sub-curé du 30 avril 1620 au 1er janvier 1625;

Et Jean Le Sacher, qui vint exercer le saint ministère à Billé le 1er juin 1623, mais n'y séjourna que peu de temps.

A Monsieur Leduc succéda René Le Marchand qui prit possession du bénéfice au commencement de l'année 1628 et le conserva jusqu'en avril 1666. Il établit la confrérie du Rosaire en 1633. Les registres de Billé ne donnent point son acte de décès. J'ai été assez heureux pour trouver dans les registres de la paroisse de Combourtillé la note suivante: "Monsieur le doyen de Billé fut inhumé dans l'église de Billé, le deuxième jour du mois de février 1666 et est décédé à Foulgères".

Il eut pour collaborateurs:

Julien Baudron (1er janvier 1626), qui ne resta à Billé que quelques mois;

Jean Gaullier prêtre de la paroisse, succéda comme curé à Monsieur chevrier et exerça le saint ministère jusqu'en 1636;

Jean Bricet, aussi enfant de Billé, fut d'abord sub-curé, puis curé de la paroisse (1635 à 1639);

René Lelièvre, d'abord sub-curé (1630 à 1640) resta comme prêtre habitué dans la paroisse et mourut le 28 décembre 1660;

André Saudrays, né à Billé, devint curé de sa paroisse natale en 1639. Il y mourut le 14 août 1684 et fut inhumé dans l'église;

Deux mois après la mort de M. René Le Marchand, M. Pierre Labbé devint recteur-doyen de Billé en avril 1666 et gouverna la paroisse jusqu'au 18 octobre 1690. Il mourut à Billé et fut enterré dans l'église par M. Jacques Leziard, recteur de Mecé. Il eut pour vicaires MM. Jean Bricet et André Saudrays déjà mentionnés;

Jean Le Vallot originaire de la paroisse de Fontenay, au diocèse d'Avranches, devint sub-curé de Billé dans les premiers jours de 1669 et y mourut le 16 décembre de la même année. Il fut inhumé dans l'église;

Jean Auvray, sub-curé en 1669 mourut de la dysenterie le 2 décembre de la même année et fut inhumé dans l'église. La paroisse de Billé, comme toutes les paroisses voisines, fut à cette époque cruellement éprouvée par une épidémie de dysenterie qui emporta dans les trois mois de: septembre, octobre et novembre, quatre-vingt-six habitants. Le presbytère paya largement son tribut à la mort;

MM. Jean Bricet, Jean Le Vallot et Jean Auvray moururent victimes de leur dévouement.

Guillaume Joussière, sub-curé en 1674, mourut à Billé le 6 décembre 1672;

François Juhé, signe comme sub-curé en 1674, puis comme simple prêtre en 1676;

Julien Sallé, curé jusqu'en 1685;

Gervais Huchet, sub-curé, 1672;

Mathurin Leborgne (1669 à

Julien Montfort (1671 à 1673);

Julien Bouessel, sub-curé en 1676, mourut le 7 avril 1677;

Jean Pranveille, curé en 1677, mourut le 5 septembre 1680;

De Raciné, curé de 1680 à 1686;

Dufour, 1680;

Pierre Martin sub-curé en 1682.

L'année 1676 fut plus fatale encore à Billé que l'année 1669. Une épidémie dont les registres paroissiaux ne donnent pas le nom, y fit plus de cent victimes dans les mois de juillet à novembre.

Après la mort de M. Labbé, le doyenné de Billé resta quatre ans sans être pourvu. Pendant ce temps la paroisse fut administrée par M. René Coquelin. Né à Billé, curé au mois d'avril 1690, il fut nommé curé d'office à la mort de son doyen et garda ce titre jusqu'au 20 novembre 1692. Il se fit aider dans les fonctions du saint ministère par René Delaunay, sieur de la Rebergère. Né au Bas-Monceau, l'abbé Delaunay mourut à Billé le 1er janvier 1700 et fut inhumé dans l'église.

Deux jours après la retraite de M. Coquelin, messire Julien Gaultier fut nommé curé d'office (22 novembre 1692). Il exerça ses fonctions pendant 17 mois, mourut le 21 avril 1694 et fut inhumé dans l'église. Il a écrit au registre la note suivante: "Le sixiesme jour du mois de juillet 1693, son Altesse royalle Monsieur, duc d'Orléans, frère unique de Louis XIIII, roy de France et de Navarre, passa par le bourg de Billé en venant du camp de la Roche, près Vitré, pour aller camper dans les marais de Sougeal, proche Pontorson, son artillerie ayant couché dans ce bourg la nuit de devant, escorté de cent cinquante chevaux de relays à son carosse. Je me suis présenté à luy, et il me donna deux demys louys d'or, qui vallent unze livres quinze sols, lesquels ont esté departis aux pauvres de la paroisse, à la porte de l'église, après les vespres du dimanche 19 juillet 1693, par Monsieur de Launay, prestre, en présence des paroissiens".

Ce passage du duc d'Orléans a sans doute donné naissance à une légende encore accréditée dans la paroisse et confirmée par plusieurs historiens. D'après elle, le frère de Louis XIV aurait couché au presbytère de Billé; un acte authentique de la royale visite avait été dressé, remis aux mains des trésoriers qui le transmettaient fidèlement à leurs successeurs après en avoir réclamé un récépissé. Toujours d'après la légende, ce précieux document aurait été perdu à la révolution. Nous n'avons rien trouvé qui la confirme et nous croyons simplement à une erreur de personne.

MM. René Delaunay et Louis Durand furent les auxiliaires de Julien Gaultier dans l'administration de la paroisse. Louis Durand, qui était aussi un enfant de la paroisse, signe toujours: prêtre missionnaire.

M. Juon fut curé d'office du 1er mai 1694 au 18 juillet de la même année, et eu pour sub-curé l'abbé Duhil. Enfin le Père Brézian, religieux de l'ordre de Saint-François, devint curé d'office le 1er août 1694 jusqu'en octobre suivant. Le veuvage de l'église de Billé cessa le 9 octobre (1694) par la nomination de François Gaultier.

Trois ans après son installation comme doyen de Billé, François Gaultier fit construire le presbytère actuel (1697) et l'année suivante il faisait enregistrer ses armoiries: D'argent à une fasce de gueules chargée de trois croissants d'or.

En 1701, une autre épidémie vint encore éprouver la paroisse. Rien ne m'a permis d'en connaître la nature; mais on frémit en constatant, pour une population relativement minime, le décès de 120 habitants, presque tous jeunes, morts pour le plus grand nombre dans les quatre derniers mois de l'année.

En 1707, le doyen dota sa paroisse d'une grosse cloche; celle-là même qu'un de ses successeurs, M. Vallée, changea contre la grosse cloche actuelle. Elle eut pour parrain messire Jacques de Farcy, seigneur de Malnoë, Billé, Combourtillé et autre lieux, et pour marraine Marie-Jeanne Suzanne de Farcy, dame de Martigné, présidente, douairière de Martigné, veuve de haut et puissant seigneur Maurice de Grichartie, seigneur de Martigné, en son vivant président au Parlement de Bretagne.

Lors de la visite paroissiale, en 1710, les témoins synodaux de Billé réclamèrent de l'autorité épiscopale un second curé en titre "pour la commodité de la paroisse". Le doyen accepta pour le bien des âmes qui lui étaient confiées; mais il affirma n'y être astreint par aucun précédent et fit signer "que s'il acceptait un deuxième curé, ce serait de bonne volonté et sans que cela put préjudicier en rien à lui ou à ses successeurs".

L'année 1719 fut encore pour Billé une année d'épreuves. Une maladie, dont la nature nous est inconnue, fit 148 victimes dans les trois mois de septembre, octobre et novembre.

Après avoir résigné son bénéfice en faveur de M. Edme-Charles Jeudy, François Gaultier mourut à Billé et fut inhumé dans le choeur de l'église le 7 juillet 1723.

Il avait eu pour collaborateurs MM. Duhil, qui fut curé de 1694 au 4 août 1696; Lefort, du 12 décembre 1697 au 4 novembre 1720.

Le doyen et les curés étaient aidés dans la ministère paroissial par MM. Julien Delaunay; Julien Bourdon, né à Billé (1703-1709); ... Germain Bunel, né à Billé comme le précédent, d'abord vicaire de Châtillon-en-Vendelais, puis prêtre auxiliaire et curé de sa paroisse natale à la place de M. Lefort, fut nommé recteur du Pertre en octobre 1722...; Pierre Bricet, sieur de la Châtaignière, né aussi à Billé, fut prêtre auxiliaire de 1721 à 1723, devint curé de sa paroisse et y mourut le 14 janvier 1726.

M. Gaultier avait, nous l'avons vu, cédé son bénéfice à M. Jeudy. Nous lisons dans le Pouillé historique du diocèse que "Jean-Baptiste-Gabriel Le Tondu, prêtre du diocèse, fut pourvu par l'évêque de la cure et du doyenné de Billé le 10 décembre 1723. Edmond Jeudy s'opposa à la prise de possession en vertu de la résignation du précédent; mais il finit par se désister de ses prétentions et devint chanoine de Bar-sur-Aube". Quoiqu'il en soit de cette compétition que rien ne laisse soupçonner dans les registres paroissiaux, il est indispensable qu'Edme Jeudy prit possession du bénéfice, puisqu'il signe plusieurs fois comme doyen de Billé, notamment le 5 octobre 1723. Son droit lui fut-il contesté? Un accord survint-il entre lui et l'élu de l'évêque?..., je l'ignore. Il devint, en effet, chanoine de Bar-sur-Aube et signe en cette qualité le 7 janvier 1724.

Jean-Baptiste-Gabriel Le Tondu, prêtre du diocèse, signe pour la première fois comme doyen de Billé le 23 décembre 1723. Il ajoutait à ses titres de doyen de Fougères, du Vendelais, Bazouges-la-Pérouse et Antrain celui de docteur en théologie. Après une signature du 1er décembre 1725, on ne retrouve plus on nom. Il cessa complètement ses fonctions en 1727 et M. Burel fut nommé curé d'office. Jean-Baptiste Letondu, qui reprit possession en 1729, a écrit lui-même au registre: "J'ai repris mes fonctions curiales le 20 janvier 1729," sans indiquer les motifs de son absence.

Un mois après sa réinstallation, le 2 février 1729, il dota sa paroisse d'une seconde cloche. "Le jeudi, 2 février 1729, la cérémonie de notre grosse cloche a été faite par nous soussigné, doyen de Fougères, Bazouges, Antrain et du Vendelais, recteur de Billé, par la permission accordée par V. et D. messire Emmanuel de Montalembert, grand vicaire et official de Mgr l'évêque de Rennes. Parrain, noble et discret Gabriel Yver, sieur recteur de Combourtillé; marraine, haute et puissante dame Marie-Jeanne-Suzanne de Farcy, veuve douairière de feu M. le président de Martigné".

Le 28 mai 1736 il bénit à nouveau le cimetière de Billé "lequel fut pollué et interdit par effusion de sang faite par violence en icelui, le 21 des dits mois et an... et les malfaiteurs, appelés et avertis le jour précédent pour recevoir leur pénitence ont refusé de s'y trouver".

M. le Tondu mourut le 10 mars 1737, à l'âge de 63 ans et fut inhumé dans le sanctuaire. Il eut pour collaborateurs dans ses saintes fonctions:

Pierre Bricet, curé de 1723 à 1724, puis simple prêtre en 1725;
M. Poirier (1724-1725);
Pierre Lecocq (1725-1727) mourut à Billé et fut enterré dans l'église à l'âge de 27 ans;
de la Gemmerays, ne signe qu'une fois comme curé d'office en 1727;
Jean Chesnel (1728);
Burel, curé d'office pendant trois ans, resta curé après la rentrée du doyen jusqu'au 1er mars 1730;
Farrigo, pendant quatre mois;
L. Brochard (1733-1735);
Jean-André Mervé, pendant cinq mois;
Valentin Hurel, fut curé d’office pendant 22 jours, mourut le 29 septembre 1737 et fut inhumé dans l'église devant l'autel du Rosaire;
Jacques Lebreton (1737-1745) devint recteur de Thourie.

Pendant l'administration de M. Le Tondu, j'ai relevé au registre des décès ce fait assez rare pour être signalé. En 1728 mourut au bourg de Billé un vieillard âgé de cent seize ans, nommé Jean Bidaine, souche d'une nombreuse famille qui habita longtemps la paroisse.

M. Le Tondu succomba aux atteintes d'une maladie épidémique qui, dans cette année 1737, fit mourir à Billé 121 habitants, presque tous jeunes gens.

Il eut pour successeur Eusèbe-François Bougret, prêtre de sainte mémoire, né, je crois, à Châtillon-en-Vendelais, qui prit possession du Doyenné le 31 mars 1737 et le conserva pendant trente-trois ans. On peut appliquer à ce vénéré doyen les mots de la Sainte Écriture: "zelus domus tuoe comedit me: L'amour ardent de votre saint temple, ô mon dieu, m'a dévoré": car il passa sa vie à restaurer son église.

En 1756, il eut comme ses prédécesseurs la douleur de voir la jeune population de sa paroisse décimée par une épidémie dont les registres n'ont pas gardé le nom. Cent soixante deux personnes, presque toutes dans la fleur de la jeunesse, moururent dans les mois de septembre, octobre et novembre.

Des notes laissées par l'abbé Le Marchand, curé de Billé, vont nous apprendre ce que le vénéré doyen fit pour son église.

"En 1764, par les soins de M. Bougret et de François Delatouche, prévôt du Rosaire, fut placé l'autel dudit Rosaire fait et construit par Tory, menuisier à Fougères, pour la somme de 406 livres: laquelle somme a été fournie par la confrérie du Rosaire.

"En 1765, fut placé au milieu de l'autel du Rosaire le tableau de la Sainte-Vierge, peint par Causier, maître de l'école gratuite de dessin dans la ville de Rennes: coût 48 livres. Le sieur Delatouche en fournit aussi le prix des deniers de ladite confrérie.

"Sur la fin de cette année 1766, par les soins de M. le doyen et de Nicolas Bigot, prévôt, a été placé l'autel Saint-Louis, fait par Tory, menuisier de Fougères, pour le même prix de 400 livres et six mesures de vin.

"Les deux petits autels de la Sainte-Vierge et des agonisants - maintenant de Sainte-Anne et de Sainte-Germaine - ont été refaits par le doyen au prix de 50 livres chaque, et le pavé de ladite chapelle Saint-Louis a coûté 60 livres.

"Au mois de septembre, même année, a été blanchie toute l'église et le lambris sur le choeur, au blanc de Paris et à la colle, par Martin de Fougères, pour 50 livres. La chapelle du rosaire, blanchie un an avant avait coûté une pistole.

"Sur la fin de 1767, Julien Sansier et Joseph Gentilhomme, meunier de Mésauboins, trésoriers de la paroisse, ont fait construire la boisure des saints fonts par Tory, menuisier à Fougères, pour la somme de 185 livres.

"Au mois de juin 1767, le jour de la Fête-Dieu, servit pour la première fois le dais de damas rouge à galons et franges d'argent, donné par M. et Melle de Montlige, seigneurs de Mésauboins.

"En 1768, le doyen fit redorer le petit calice et la patène pour 20 livres. A la fin de cette même année on a commencé à redore le grand autel, raccommodé la doublure (sic), redonné une couche de blanc, refait à neuf la porte du tabernacle avec tous ses accompagnements. Main, doreur de la paroisse de Mellé, a fait le tout pour 650 livres. La même année a été contournée la table de communion, en fer à cheval ou en anse de panier; placé la boiserie du sanctuaire, fait le lambris jusqu'à la grande voûte pour 420 livres.

"En 1770 fut finie la boiserie jusqu'à la grande voûte; elle coûta 700 livres payées par M. le doyen. Au mois de décembre il bénit les statues de la sainte Vierge et de saint Joseph. M. Marchand, curé, paya celle de saint Joseph après avoir prêché le carême et fait la quête à chaque réunion. Celle de la sainte vierge fut payée par des quêtes faites dans la paroisse.

"A la Toussaint servit pour la première fois le grand calice d'argent payé 300 livres, plus un vieux calice.

"Au mois d'octobre précédent fur arrêté avec les demoiselles du Bon-Pasteur de Rennes, un marché pour faire une bannière semblable à celle de Saint-Léonard de Fougères, et suivant le plan qui en fut levé, pour la somme de 1,300 livres. Cette bannière devra être faite pour le mois de février 1770". (Notes de l'Abbé Marchand, Registres de la mairie).

"Le dernier jour de l'année 1769, mourut d'apoplexie, N. V. et D. messire Eusèbe-François Bougret, doyen de Fougères, Bazouges, Antrain et du Vendelais, recteur de Billé: Pasteur vénéré de tous ses confrères dont il était l'exemple; regretté de tous les bons paroissiens dont il était l'ami; pleuré de tous les pauvres dont il était le père; la mort le frappa sans le surprendre le 29 décembre 1769 à cinq heures du soir. Son corps repose près le marchepied du grand hôtel, du côté de l'Évangile. M. Lendormy, recteur de Parcé, fit à son enterrement une oraison funèbre des plus touchantes dont le précis est contenu dans ces vers gravés sur le tombeau de M. Bougret.

Ille fuit verus dilecti pastor ovilis
Exemplo, verbo munificaque manu.
Auxilium nullum nulli subtraxit egeno
Dum fuerit solitus multa negare sibi.
Pro Christi Sponsa multoque flagravit amore,
Ædibus his sacris splendidus inde decor.
Religio, pietas gemunt tellure sepultum
Quem sibi Coelicoloe jam cecinere parem."

Telles sont les notes que M. l'abbé Marchand écrivit à la louange de son vénérable et saint doyen. Nous voudrions nous y associer sans réserve. Il est impossible pourtant de ne pas regretter que M. Bougret, dans les réparations qu'il fit à son église, ait sacrifié au mauvais goût du temps. Deux autels Renaissance, deux fenêtre et une porte plein-cintre s'accordaient mal avec une église dont le style dominant était l'ogive du XIIIè siècle.

M. Bougret eut comme vicaires MM.:

Bohuon (1744-1745);
J.-B. de (?) Bouessel, né à Billé, en devint curé le 25 décembre 1745 et fut nommé, le 9 juillet 1749, gardien de l'hôpital général de Vitré;
Jean Paischoux (1745-1748) devint recteur de la paroisse de Tresboeuf;
Fr. Julien Louchon (1748-1749);
M. Blanchard (1749-1761), fut nommé curé de la chapelle Saint-Aubert;
Philippe Hervé, curé en 1742;
J. Duval (1749-1744) devint recteur du Tiercent;
J.-B. Ruaux (1753-1757);
Boishy (X.), né à Billé, y fut nommé curé le 7 juillet 1763 et mourut dans cette paroisse le 17 janvier 1766;
J. Marchand (1763-1771), devint recteur d'Essé;
P. Régnault (1767-1769), fut nommé curé de Romagné.

Le 9 janvier 1770, Mgr des Nos, évêque de Rennes, offrit le bénéfice de Billé, vacant par la mort d'Eusèbe Bougret, à M. l'abbé Bougret, depuis 34 ans recteur de Saint-Léonard de Fougères et frère aîné du défunt. Il refusa, et ce ne fut qu'après des ordres pressants et réitérés de son évêque, qu'il prit possession du doyenné, le 26 janvier 1770. Il le conserva un an et s'en démit entre les mains de Mgr Barreau de Girac, successeur de Mgr des Nos, transféré à l'évêché de Verdun. Le bénéfice fut vacant quatre mois et enfin donné à M. Thé du Chastellier, docteur en théologie, chanoine de Saint-Malo et principal du collège de Rennes.

Thé du Chastellier prit possession du bénéfice le 10 mai 1771. Cette année la contrée toute entière fut désolée par une grande famine. Le boisseau de blé se vendait 14 livres. La Société d'agriculture, dont le doyen de Billé était membre, fit venir des grains de Pologne.

M. Thé du Chastellier eut pour vicaire l'abbé Marchand et MM.:

Paul Maignan (1770-1778) devint recteur de Mézières;

Auguste Delaunay (1722) mourut recteur de Combourtillé;

A. Hubeaudière (1772-1792), prêta serment à la Constitution civile de clergé, fut nommé officier de l'état-civil à Billé, curé d'office à Parcé et enfin recteur intrus de La-Chapelle-Saint-Aubert;

Chenet (1778-1779);

Deshoux (1779-1782) mourut recteur de Luitré.

Porée (1782-1792) prêta le serment schismatique, devint curé intrus de Billé et fut tué par les soldats de l'armée catholique et royale dans un champ encore nommé le Potager du Presbytère.

Le doyen de Billé, atteint d'une maladie assez grave pour inquiéter vivement ses amis, se rendit à leurs pressantes sollicitations et se fit transporter à Rennes [en août 1786] pour y réclamer les soins des médecins les plus habiles de cette ville. Leur science fut impuissante et l'abbé du Chastellier, après quelques jours d'un traitement douloureux, mourut dans la paroisse de Saint-Jean de Rennes.

Julien Hunault, originaire de la paroisse de Gennes-sur-Seiche, après avoir été pendant quelque temps recteur de Fercé (nunc du diocèse de Nantes) devint doyen de Billé le 7 novembre 1786).

Le 27 décembre 1788, la réunion des États-Généraux avait été délibérée en conseil du Roi, et le 24 janvier 1789 les lettres de convocation furent expédiées. Le nombre des membres était fixé à 1000; la moitié à la nomination du Tiers-État, l'autre moitié partagée entre la noblesse et le clergé. Ces deux corps d'État, réunis à Saint-Brieuc, refusèrent de nommer les délégués sous prétexte que les députés ne pouvaient être nommés, conformément aux coutumes de Bretagne, que par les États de Bretagne assemblés. Les membres du clergé protestèrent, de plus, contre le nouveau règlement qui appelait aux élections le clergé de deuxième ordre, les bourgs et les paroisses de campagnes.

On passa outre à ces protestations. Deux cent sept recteurs se présentèrent ou se firent représenter à l'assemblée du clergé séculier et régulier convoquée à Rennes le 2 avril 1789. MM. les recteurs de Mézières et de Billé, M. Millaud, professeur au collège de Rennes, furent élus rédacteurs des séances et des délibérations.

Dans une autre séance, M. Hunault fut élu le second "pour faire le dépouillement des différents cahiers et doléances", et le premier comme électeur des futurs députés aux États-Généraux. La confiance de ses confrères le chargea, avec le recteur de Mézières et M. Millaud "de la rédaction définitive des résumés des plaintes et doléances contenues dans les cahiers des divers paroisses".

L'assemblée nomma enfin ses députés. MM. Vanneau, recteur d'Orgères, Guillou, recteur de Martigné-Ferchaud, Hunault, doyen de Billé, furent élus députés aux États-Généraux. MM. Queuru de la Coste, recteur de Saint-Jean de Rennes et Dubourg-Lancelot, recteur de Retiers, furent élus suppléants.

Après cinq semaines de discussions plus ou moins oiseuses, les États-Généraux, sur la proposition de Sieyès, prirent le nom d'Assemblée nationale Constituante. Le 20 juin, les députés du Tiers, réunis dans la salle du Jeu de Paume, sous la présidence de Bailly, jurèrent de ne pas se séparer avant d'avoir donné une constitution à la France. Quelques jours après une partie du clergé et quelques membres de la noblesse vinrent se joindre au tiers pour ne plus former qu'une Assemblée. Le Roi lui-même ordonna la réunion des trois ordres. MM. Guillou et Hunault "jugèrent que l'Assemblée entrait dans une voix mauvaise et dépassait son mandat", ils se retirèrent et furent remplacés par les deux suppléants.

Rentré dans sa paroisse, le doyen de Billé fut, en 1790, nommé maire de sa commune par les suffrages "presque unanimes" des habitants.

Le 12 juillet de la même année fut imposée la constitution civile du clergé. Le doyen de Billé refusa le serment schismatique que prêtèrent ses deux vicaires et s'exila en Espagne. Peu après il revint en France et se cacha à Gennes, sa paroisse natale. Rentré à Billé en 1799, il se cacha de ferme en ferme, protégé contre les recherches des républicains par l'amour et le dévouement de ses paroissiens.

Le Consulat avait donné à la France une paix relative, à Paris surtout. L'esprit Jacobin n'avait pas désarmé en province et spécialement dans les paroisses qui, comme Billé, sous la direction de certains personnages dont il vaut mieux oublier les noms, avait donné à plein collier dans les idées nouvelles. C'est l'explication naturelle de tant de persécutions locales dont nous avons ici une nouvelle preuve.

M. Hunault fut réinstallé, en 1803, comme simple desservant. Billé avait gagné à la Révolution l'abolition de son plus beau privilège; la paroisse avait perdu son doyenné, le plus important du diocèse de Rennes. L'année suivante, l'abbé Hunault, qui continua toujours et quand même de signer "doyen de Billé" fut nommé curé-doyen de Saint-Étienne de Rennes, où il mourut en 1812.

Il eut pour vicaires les deux apostats ci-dessus nommés, Hubeaudière et Porée, datant les rares baptêmes qu'il était appelé à administrer de "l'an Ier de la République Française, an IV de la liberté, Ier de l'Égalité";

Falaise, vicaire en 1800, puis recteur de Moigné, où il mourut en 1838;

Lecacheur, vicaire du 15 septembre 1803 au 15 août 1804, devint d'abord recteur de Montreuil-sous-Pérouse et peu après chapelain des Augustines du Rachapt. Il mourut en 1820.

J'ai dit plus haut en parlant de M. Porée, que son apostasie lui avait valu, avec la cure de Billé, devenu canton pour quelques années, le mépris de la plus grande partie des habitants qui refusaient absolument les secours de son ministère. Je dois à la complaisance de l'abbé Pirotais, recteur de Parcé, communication des cahiers du saint abbé Gavard, mort martyr de son amour pour les âmes au salut desquelles il se dévoua jusqu'au 23 mai 1799, qu'il fut dénoncé, arrêté et fusillé le 25 du même mois au pont d'Olivet, entre Vitré et Rennes.

J'ai relevé dans ces cahiers les baptêmes, mariages et sépultures d'habitants de Billé, dont je donne ici les noms parce qu'ils ne se trouvent point dans les registres des intrus, et que les descendants de ces généreux chrétiens pourront y puiser des leçons de fidélité à notre sainte religion.

Les dix-sept premiers baptêmes sont tous du mois d'avril 1795, et la plupart des baptisés sont âgés de 8 à 16 mois:

1° Julienne Colin née au Bas-Monceaux;
2° Guillaume Rançon, id.
3° Jeanne Collerais, à la Cossevinière;
4° Joseph Lemonnier, à l'Étang;
5° Julien Prod'homme, au Bourg;
6° Julien Gautier, au Houx;
7° Jeanne-Marie Gérault, au Matz;
8° Nicolas Lemée, id.
9° Jean Heudré, à Jaunouse;
10° Jean-Marie Chennevière, à la Halgrinière;
11° X... (illisible) Aveline, à Courgoulu;
12° Jeanne (illisible), à la Haute-Cossevinière;
13° (illisible);
14° Pierre Chantrel, à la Fonderie;
15° Marie-Louise Houlaudais, à l'Aulnée;
16° Anne Gautier, au Chesnot;
17° Perrine Renault, au Matz;
18° Joseph Angers, né à la Cossevinière, baptisé le 1er août 1795;
19° Jeanne Couërre, née à Mésauboins, baptisée le 10 août 1795;
20° Thérèse Javeline, née au Haut-Monceaux, baptisée chez elle le 22 septembre 1795;
21° Jeanne-Marie Evard, du Bas-Monceaux, bap-tisée le 27 septembre 1796;
22° Jeanne Delatouche, de la Cossevinière, 28 septembre;
23° Julien Prioul, du Bas-Monceaux, 29 septembre;
24° Jeanne-Louise Cottin, id.
25° Mathurine Beillard, du bourg, le 30 id.
26° Françoise Jamelot, de la Cossevinière, id.
27° Jean-René Collerais, de la Haute-Cossevinière, 4 octobre;
28° Pierre Vannier, de la Haute-Cossevinière, 4 octobre;
29° Jeanne Depincé du moulin de Guérets, le 5 octobre;
30° Jeanne Ranson, du Bas-Monceaux, le 5 octobre;
31° Rose Prod’homme, de la Renouardière, le 7 octobre;
32° Joseph Couërre, de la Renouardière, le 10 octobre;
33° Jeanne-Marie Gautier, du Houx, le 23 octobre
34° Jean-Marie Le Mée, du Bussonnet, le 4 novembre;
35° Julienne Georgeault, du Matz, le 15 novembre;
36° Julien Ronceray, de la Renouardière, le 18 novembre;
37° Jean-Julien Cupif, du Grand-Mésauboins, baptisé à l’âge de 14 mois, le 28 novembre et le même jour;
38° Julien-Pierre Cupif, son frère;
39° Joseph Briffault, du Matz, le 8 décembre;
40° Pierre Beaugendre, de la Ronce, le 9 décembre;
41° Jacquine Javeline, de Courgoulu, le 20 janvier 1797;
42° Joseph Bricet, de Billé, né au Bois-le-Houx, le 22 Février 1797;
43° Jeanne Campion de la Bilourdière, le 2 avril 1797;
44° Marie Lemée, du Bussonnet, le 14 avril 1797;

1er mariage. - Guillaume Ranson à Jeanne Couërre (avril 1795);
2. Michel Liger à Marie Coquelin (6 mai);
3. Jean Roussel à Hélène Moulin (22 novembre 1796);
4. Pierre Noël à Thérèse Lagrée (29 août 1799);
5. Jean Hamon à Perrine Chevalier (20 mai 1793);
6. Julien Forthomme à Anne Chevreuil (30 avril 1799);
7. Pierre Chigon à Jeanne Vannier (18 septembre 1799);
8. Jean Cottin à Reine Masson (28 octobre 1800);

Les cinq premiers mariages furent bénis par M. l’abbé Duclos et les trois derniers avec le consentement “exprès et par écrit de M. Hunault, doyen de Billé”.

Enfin Joseph Jamelot, mort à l’âge de 12 ans, à la Basse-Cossevinière, fut inhumé dans le cimetière de Parcé le 30 juin 1795 par M. Gavard.

René-Julien Gavard, né en 1758 au village de Launay-Pennetier, en Saint-Ouën-la-Rouërie, fut d’abord recteur de Bruz et succéda à M. Hunault comme desservant de Billé le 1er juin 1804. Nous lisons, en effet, au registre des délibérations de la commune, la note suivante: “Ce jour 25 prairial, an XII de la R.F. (1804), M. René-Julien Gavard a pris possession de la succursale de Billé, dépendant de l’église de Saint-Léonard de Fougères, et y a été installé par M. Julien Maigné, desservant de Javené, en présence du maire de ladite commune de Billé, etc.

Il fit renouveler par Mgr Mannay la bulle d’érection de la confrérie du Rosaire (1822), après avoir fait ériger dans son église les stations du Chemin de la Croix (1824).

Il mourut à Billé à l’âge de 67 ans et fut inhumé dans le cimetière, devant la croix qu’il avait fait dresser à la fin d’une mission donnée à sa paroisse deux ans auparavant.

Le petit nombre de Prêtres, au lendemain des jours néfastes de la Révolution, avait forcé l’autorité diocésaine à laisser la paroisse de Billé sans vicaire de 1804 à 1820. Une partie de la paroisse de Combourtillé était pourtant annexée à celle de Billé depuis 1814. L’administration de la paroisse devenait difficile pour un seul prêtre. Aussi le conseil municipal, dans plusieurs délibérations successives, avait-il énergiquement réclamé de la Préfecture des démarches pour obtenir la nomination d’un vicaire. Ces délibérations étaient restées sans effet parce que la Préfecture réclamait avant toute nomination “que la pension du vicaire fur assurée par une imposition quelconque” et que la municipalité se prétendait sans ressources. en vain s’était-elle ingéniée à en créer de nouvelles jusqu’à proposer de “frapper d’un impôt spécial les vins et les cidres vendus dans les auberges de la commune”; ses propositions n’étaient point agréées par l’autorité préfectorale.

Enfin, M. l’abbé Le Verrier, né à Saint-Marc-sur-Couesnon, fut nommé vicaire de Billé le 1er juillet 1820. Il resta dans la paroisse jusqu’au 1er juillet 1824 et fut nommé vicaire de Saint-Germain-en-Coglès, dont il devint plus tard le recteur. Il fut remplacé quelques mois après (1er février 1825) par M. Jean Gablin, qui fut nommé, le 1er juillet 1827, recteur de Villamée où il mourut deux ans après.

M. Gavard eut pour successeur Pierre Hautbois, né à Domalain, en 1789, de Joseph Hautbois et de Jeanne Tual. Après avoir été pendant quelque temps recteur d’Availles, il fut nommé à Billé le 1er mai 1825.

En 1826 et 1827, il fit démolir la vieille grange du presbytère qui n’avait plus d’usage depuis la suppression de la dîme et prenait sur le jardin un espace considérable.

En 1830, il installa dans le vieux presbytère une maison d’école pour les filles et donna à la paroisse une cloche destinée à remplacer celle que, comme presque partout, les révolutionnaires avaient volée à Billé.

En 1835, il fit repeindre les fonts baptismaux et redorer le maître-autel pour la somme de 900 francs. Le 9 octobre de l’année précédente il avait établi la confrérie du Scapulaire.

M. Hautbois mourut le 23 mai 1841, après avoir fait une donation aux pauvres de sa paroisse, et fut inhumé dans le cimetière auprès de son prédécesseur. Il eut pour vicaires M. Gablin dont nous avons parlé;

Jean Jamois, né au Rheu, nommé vicaire de Billé le 8 juillet 1827, puis recteur du Verger le 3 novembre 1847;

Olivier Duscorps, né à Saint-Malo, vicaire de Billé du 4 janvier 1848 au 1er août 1849, puis recteur de la nouvelle paroisse du Thélin;

M. Ruault, d’abord vicaire à Saint-Léonard de Fougères, succéda à M. Hautbois en juin 1841. Il resta pendant cinq ans dans la paroisse et fut nommé recteur de Dompierre.

Il eut pour successeur M. René-Marie-Julien Douard né à Romagné, vicaire de Sainte-Anne-sur-Vilaine, recteur de Chasné, puis Billé du 15 juillet 1846 au 1er septembre 1882. son grand âge le força à mettre sa démission et il se retira à l’hospice de Chaudeboeuf, en Saint-Sauveur-des-Landes, où il mourut le 3 décembre 1882. Son corps fut rapporté à Billé, inhumé près du magnifique calvaire qu’il avait fait ériger le 20 juillet 1875. Ses confrères le regardaient comme leur modèle, et ses paroissiens l’avaient nommé le saint de Billé. Souvent on les voit prier sur le tombeau que leurs pieuses largesses lui ont élevé devant le calvaire. Ils supplient celui qui fut si longtemps leur père et leur guide d’être leur avocat auprès de Dieu.

Le 1er août 1847, dans une mission qui dura 12 jours et fut prêchée par les missionnaires diocésains, le vénéré M. Douard fit ériger un nouveau Chemin de Croix pour remplacer celui qu’avait donné l’abbé Gavard.

En 1849, il enrichit sa paroisse d’une relique de la vraie Croix. “L’an 1849, le 6 mai, dans l’octave de la fête de l’Invention de la Sainte-Croix, a été transportée solennellement à l’Église une portion de la vraie Croix, renfermée dans une croix-reliquaire en palissandre avec des filets de cuivre. Cette inestimable relique a été obtenue de l’Archevêché de Paris par l’entremise de l’abbé Badiche, prêtre du diocèse de Rennes, actuellement résidant à Paris et attaché à la paroisse Sainte-Marguerite. L’authentique accordé par Mgr Affre, d’heureuse mémoire, est enfermé sous le pied de la vraie Croix”.

Le recteur demande qu’on récite un Pater et un Ave comme témoignage de reconnaissance pour lui et son digne ami chaque fois que l’on exposera cette sainte relique. Mgr Saint-Marc, par ordonnance du 19 avril de la même année , permit d’exposer la relique de la vraie Croix “le 3 mai et le 14 décembre, fêtes de l’Invention et de l’Exaltation de la Sainte-Croix, ou le dimanche suivant quand ces fêtes tombaient à d’autres jours de la semaine, pendant la grand’messe et les vêpres; tous les vendredis de Carême pendant l’exercice du soir, et le quatrième dimanche de chaque mois”.

En 1851, le saint pasteur fit réparer l’église, ouvrir une nouvelle porte à la sacristie, meubler cette dernière et repeindre les autels.

L’année suivante un conflit s’éleva entre la Fabrique et le Conseil municipal qui réclamait indûment la possession d’un petit champ, nommé champ des défunts ou Vieux-Cimetière, et situé entre le village de Sur-la-Haye et la Basse-Tolleraye. Les droits de la Fabrique étaient indiscutables parce que : 1° le terrain n’avait pas été aliéné pendant la Révolution; 2° qu’en tout cas il avait fait retour à la Fabrique, au moment de la restauration du culte, puisqu’elle en avait perçu les revenus jusqu’en 1833, comme les registres des recettes en faisaient foi; 3° parce que l’usurpation, en 1834, par la municipalité ne lui donnait pas de droits contre la Fabrique mineure; que cette prise de possession était nulle de droit et que du reste les trente ans nécessaires à la prescription n’étaient pas écoulés.

Le Conseil municipal était si peu sûr de son droit que, dans le premier bail fait par lui pour la location du vieux cimetière, il fit insérer cette clause: Le bail est nul de droit si l’on était obligé d’enterrer à nouveau dans le vieux cimetière ou si la propriété en était enlevée à la commune. (Reg. des délibérations).

L’évêque voulut éviter un conflit, et conseilla , par lettre du 11 juillet 1852, la cession pure et simple à la municipalité. Une première délibération avait été préparée dans ce sens, mais les Fabriciens refusèrent à l’unanimité de la signer. Monseigneur revint à la charge l’année suivante et obtint du Conseil de fabrique, réuni extraordinairement le 2 octobre 1853, l’abandon de ses droits.

Dix ans plus tard - tant il est vrai que les concessions les plus larges ne changent jamais en complaisance le mauvais vouloir de parti-pris - un nouveau conflit s’éleva entre le conseil et la fabrique. Sans en référer aux municipaux, dont le droit dans la circonstance était plus que contestable, pour des raisons de droit qu’il serait trop long d’exposer, les fabriciens avaient passé le marché avec un nommé Tondoux pour la reconstruction de la sacristie Nord, sans demander à la commune un sous pour ce travail. Nos édiles se crurent offensés dans leur dignité et arrêtèrent les travaux quand déjà ils étaient commencés, les bois coupés conformément aux plans... etc... Les fabriciens “surpris de la manière dont on s’était comporté à leur égard” acceptèrent la médiation du sous-préfet de Fougères et, à sa prière et “pour le bien de la paix”, payèrent à M. Le Hérissé, architecte imposé par la commune, la somme considérable de 1.310 fr. 73, soit presque moitié plus que le prix réclamé par le sieur Tondoux.

Toutes ces mauvaises guerres désolaient le saint recteur de Billé sans refroidir son zèle. Il fut, d’ailleurs, plus heureux dans l’exécution du projet qu’il caressait depuis longtemps, de donner à sa paroisse une maison d’école pour les petite filles, école qui, dans sa pensée serait dirigée par des religieuses.

Déjà il avait installé dans les dépendances du presbytère, des soeurs qui donnaient à ses chères enfants une instruction solide et une éducation chrétienne. Cette situation ne pouvait durer. Grâce à la générosité de Madame du bourg et d’un de ses frères, on acheta une parcelle de terre dite le Morhan, et tous les matériaux nécessaires à la construction d’une école. Nous n’avons point à raconter les nombreuses entraves mises à cette entreprise; il suffit de dire qu’elle furent impuissantes à empêcher le recteur de la mener à bonne fin. La propriété de la maison fut donnée aux soeurs de Rillé.

Le 19 novembre 1865, M. Douard obtint de l’archevêché de Tours, et fit authentifier à Rennes deux précieux reliquaires contenant 77 reliques de saints.

Nous avons raconté plus haut comment ce saint prêtre, démissionnaire, s’était retiré à Chaudeboeuf, malgré ses paroissiens qui lui firent, pour le garder, les offres les plus généreuses. Il avait eu pour vicaires MM. Jamois et Duscorps déjà mentionnés;

François Conseil, né à Saint-Domineuc, vicaire de 1849 à 1851, quitta le diocèse pour devenir recteur de Bayeul, au diocèse d’Évreux;

Gilles Roussel, de la paroisse de Saint-Léger, vicaire de 1851 à 1853, fut nommé recteur de Moussé, où il mourut en 1855;

Pierre Legoff, de Pleurtuit, vint de Saint-Broladre à Billé en 1854, y resta jusqu’en 1862, et fut nommé vicaire de Saint-Lunaire;

Jean Castel, d’abord vicaire de Saint-Guinoux, puis de Billé de 1862 à 1863, ensuite vicaire du Minihic, devint recteur d’Andouillé-Neuville;

Jean-Marie Bellay, vicaire de Billé de 1863 à 1868, recteur de Lanrigan, puis aumônier à Saint-Malo;

Joseph Leclère, né à Médréac, vicaire à Rannée, puis à Billé de 1868 à 1875, transféré au Bois-Gervilly, recteur de Saint-Gonlay, mort retiré à Bédée en 1880;

François Palix, de Saint-Léonard de Fougères, vicaire à Chasné, puis à Billé de 1875 à 1879, diacre d’office à Rennes et à Saint-Servan;

Jean-Marie Lebret, de Rimoux, vicaire au Ferré, à Coësmes puis à Billé de 1879 à 1888, fut nommé sous-diacre d’office à Saint-Germain de Rennes, et peu après aumônier de Chaudeboeuf.

A l’abbé Douard succéda Louis Vallée, de la paroisse de Landéan. D’abord vicaire à Toussaints de Rennes, il prit possession de la cure de Billé le 21 août 1882.

Pendant quatre ans qu’il resta dans cette paroisse, il fit reconstruire les intérieurs du nouveau presbytère, en se servant pour mener à bonne fin ces réparations plus qu’urgentes, des fonds assez considérables que lui avait ménagés la prudente administration de son prédécesseur. Il fit ensuite recouvrir le côté Nord de l’église, dota sa paroisse, grâce aux généreuses offrandes des principaux habitants, de trois cloches sorties des ateliers Havard, de Villedieu. Ces importants travaux ne se firent pas sans peine, et le recteur se plaint à bon droit, dans la relation qu’il a laissée de ses oeuvres, de l’opposition souvent sourde qu’il trouva là où il espérait trouver aide et bonne volonté.

Il fut nommé curé de Martigné-Ferchaud le 1er octobre 1886, et remplacé le même jour par l’abbé Jean-Marie Guet, né à Vitré, de Jean-Marie Guet et de Marie Dubois, vicaire de Bain-de-Bretagne, et actuellement recteur de Billé.

Vicaires: M. Lebret, ci-dessus nommé; M. Julien Sévin, né à La Chapelle-Chaussée, nommé vicaire de Billé le 1er juillet 1888; M. Ange-Marie Ollivier, né à Pleurtuit, nommé vicaire le 1er juillet 1892.


CHAPITRE IV

Histoire Féodale

I

Depuis sa fondation jusqu'au XIè siècle, Billé, qui faisait partie du Vendelais, dépendit de la baronnie de Fougères. A cette époque Auffroy I, baron de Fougères, donna dot à sa fille Ynoguen, mariée à Tristan, de Vitré, toutes les paroisses au-delà du Couesnon, et, jusqu’à la Révolution, Billé fit partie de la baronnie de Vitré. (Bertin et M.)

Manoirs et Terres nobles

La Ronce était la terre seigneuriale de Billé. Elle donnait à son possesseur le droit de moyenne justice dans les terres et fiefs de sa dépendance; droit de prééminence, de litre et d’enfeu..., etc..., dans l’église de Billé. Au XVè siècle, Jeanne Croc, demoiselle de la Ronce, la fit passer dans la famille de Malnoë, par son mariage avec Michel de Malnoë, chevalier. (Dupaz, 490).
Les de Cepeaux (?) seigneurs de Malnoë, la possédèrent quelque temps et la vendirent, avec Malnoë et les Combourtillé, au de Farcy. Aussi en 1707, Jacques de Farcy de Malnoë se qualifie-t-il “Seigneur de Billé”. Tous les actes par devant notaire commencent par cette formule: Nous, notaire de la seigneurie de Malnoë, la Ronce et les Combourtillés. La Ronce appartient aujourd’hui aux de Farcy de Beaumont.

La seconde terre noble et manoir de la paroisse était la terre et seigneurie de Mésauboins, avec basse justice. Elle appartenait aux de la Sauldrays, écuyers, seigneurs de Mésauboins. En 1759, elle passa dans la famille des Martin de Montlige, par le mariage de Thérèse des Clos avec Pierre de Montlige. En 1792 elle était encore habitée par cette dernière famille, comme le prouve l’acte de décès de Pierre-Hervé Martin de Montlige “ mort à l’âge de 63 ans, à son château de Mésauboins, le 4 octobre 1792, an Ier de la R.F.”. Elle appartient maintenant aux Méhérenc de Saint-Pierre.

Le troisième manoir et terre noble était Maintiboeuf qui, en 1603, faisait partie de la seigneurie de Mué. En 1786, elle était propriété de la famille de Boislebon. Elle passa par le mariage d’Angélique de Boislebon à Pierre du Pont des Loges, dans la famille de ce dernier. “Haut et puissant seigneur, messire Louis du Pont, chevalier, seigneur dudit nom, conseiller au Parlement, natif de la paroisse de Toussaints de Rennes, le 29 juin 1764, fils de h. et p. seigneur messire Luc, Anne du Pont des Loges, seigneurs des Loges, Milléry et autres lieux, conseiller en la Grand’Chambre du Parlement, présent et consentant et de feue h. et p. dame Hélène-Jeanne Jolivet, inhumée dans la paroisse de Toussaints de Rennes il y a un an - domiciliée de ladite paroisse - et demoiselle haute et puissante Angélique- Joséphine-Cécile de Boislebon, née en la paroisse de Notre-Dame de Vitré, le 12 février 1766; fille de h. et p. seigneur messire Jean-Jacques de Boislebon, seigneur de la Choltais, de la Châtellenie de Saint-Georges-en-Chesné, Maintiboeuf et autres lieux, et de dame Renée de Porcon, domiciliée de fait à Fougères et de droit de la nôtre..., après avoir été fiancée dans la chapelle du château de Maintiboeuf, ont été mariés dans la même chapelle par V. et D. messire Ruaulx de la Tribonnière, recteur de Toussaints de Rennes, le 29 août 1786”.
Maintiboeuf est passé, par mariage, des du Pont des Loges aux de Pioger, qui le possèdent aujourd’hui.

Les autres terres nobles étaient la Saute-Cochère, la Rouelle, le Bois-Grenier, les Veilleries et le Margat. Cette dernière, située au bord du Couesnon, près du village de la Loirie, est entièrement disparue.

Montaubert: Les de Bigaglia, qu’on appelait auparavant de Bigaille, avaient hérité Montaubert de noble homme Michel le Pelé, sieur de Montaubert. Cette terre appartenait encore, en 1747, à écuyer Gabriel de Bigaglia, sieur de la Héronnière, en Laignelet. Elle fut vendue, le 10 juin 1818, à Joseph Piel-Loirie et à Thérèse Sancier, son épouse, par M. Le Pays du Tilleul et dame Émilie de Ruan, agissant au lieu et place d’écuyer Jean de Ruan. Les de Ruan avaient hérité de Montaubert à la mort de demoiselle J. de Bigaglia, leur tante.

Seigneuries

Le bourg de Billé relevait, pour la partie de Montaubert, la Chantellerays, la Bactière..., etc..., de la seigneurie de la Dobyais. La taille était payée au sergent féodé du fief de la Basse-Veillerie, Luctière et Royandière
La seigneurie du Bois-le-Houx, pour le fief du bourg de Billé;
Les seigneuries de Malnoë (par la Ronce) et du Moulin-Blot, pour les fiefs de la Bilourdière, le Pluet, Launay, la Basse-Tollerays, Ruffin..., etc...
La seigneurie de Malnoë, Mué et la Dobyais, pour les fiefs de la Haute-Cossevinière, la Primaudière, le Bussonnet..., etc...
La seigneurie de Mézauboins, pour les fiefs de la Haute et Basse-Fonderie, le Chêne-Zad, les Rues, la Chataignère..., etc...
La seigneurie de Boislebon (par Maintiboeuf) pour les Grandes-Veilleries, le Domaine, Le Ronceray, la Menardière, la Buharais, les Minières..., etc.
Toutes ces terres relevaient en arrière-fief de la baronnie de Vitré et de la chastellenie de Châtillon-en-Vendelais.

II

Principales Familles

Je voulais donner ici la généalogie des principales familles de la paroisse. Ce travail devant être incessamment publié par M. l’abbé Paul Paris-Jallobert, je prie tous ceux que pourraient intéresser les curieuses et savantes recherches du recteur de Balazé de bien vouloir s’y reporter [Chez Plihon et Hervé, libraires-éditeurs, rue Motte-Fablet, à Rennes]. Je me contente d’une simple nomenclature:

François de Launay, sieur de la Rebergère, avocat en la Cour du Parlement de Bretagne en 1668, décédé en 1673;
Maître Julien Hamon, sieur de la Gasnerais, avocat en la Cour, sénéchal de la juridiction de la Ronce, marié le 8 janvier 1657 à Anastasie Pichot;
Renée Tuolays, dame de Beuvron, 1668;
Jean Brion, sieur de la Chantellerays, 1668;
André Jéhannin-Bordelière, 1668;
Moquet X, à la maison de la Saute-Cochère;
Charil-la-Rouelle, 1669;
Renée Rouleaux, dame de la Douesnelière;
Gilotte Le Guislier, dame de l’Epinay;
Honorable homme Louis Delatouche, 1672;
Andrée Saulton, dame des Guibourgères, 1674;
Nicolas Lemonnier-Rétaudière, 1674, décédé en 1702;
René de la Sauldrays, écuyer, seigneur de Mésauboins, décédé en 1675. On les retrouve jusqu’en 1750.
Julien Bucel-Bulourdière, 1679;
Jacques Coquelin-Limandière, 1679;
Gilles Martin-Halgrinière, marié à Julienne Jéhannin, dame de la Holgrinière, 1680-1701;
Hon. femme Guyonne Jéhannin, dame de la Cossevinière, 1701;
Guillaume Brisset-Chateignère, 1701;
Guy Boissel-Ronceray, 1704;
René du Plessis-Royandière, 1704;
Maître Julien Deulin, notaire de la juridiction de Boislebon, sieur de la Veillerie, 1704;
Étienne Delaunay, sieur de l’Epinay, 1705;
H. h. Jean Boishy, sieur de la Cossevinière, 1706;
H. h. François Régnault, sieur de la Douesnelière, 1706;
H. h. Jean Boisard, fils de Gabriel et de Claude Chrestien, né à Parcé (1691), sieur des Fosses, en 1706;
H. h. Michel Guibert, sieur de la Cossevinière, 1706; signe, en 1712, sieur de la Richerais;
H. h. Jean Fouquet, et dame Françoise Delatouche, demeurant à Montaubert, 1706;
Jean Bigot, sieur du Bas-Monceaux, 1708;
Marguerite Fournier, demoiselle de Luctières, 1708;
Pierre Delaunay, sieur de la Chantellerays, 1711;
François Guénard-Buharais, 1712;
Charil, sieur de la Chambre, à la Pétaudière, de 1701 à 1712;
Jean Biard, sieur de la Denise, décédé à la Rouelle, en 1712. Il avait un fils notaire à Vitré, qui se faisait appeler M. de Lessart.
Jean Bigot-le-Pluet, 1714;
H. h. Jean Piel, marié à Marguerite Delatouche, 1714;
Germain Busnel, sieur des Pallières, à la Chantellerays, 1714;
Julien Bigot-l’Etang, 1714;
H. f. Françoise Picard, dame de Montaubert;
H. h. François Delatouche-Bactière, marié à Marguerite Greffier-le-Fresne, 1715;
Joseph de Hubert, sieur de la Châtaignière, demeurant à la Chantellerays, 1734;
Pierre Bouessel, sieur de l’Ecousselle-Bactière;
Nicolas Bouessel, sieur du Volandry, au bourg, 1740-1789;
Jéhannin-Cléray, à l’Etang;
Maître François Delatouche (1781), notaire et procureur de plusieurs juridictions, fils de n. h. Christophe Delatouche et de Jeanne Cécile Anger (mariés à Parcé, le 8 février 1752), épousa h. demoiselle Perrine Doussault, demeura à la Chantellerays, puis se retira au bourg après avoir (le 10 novembre 1789) marié sa fille à n. h. Célestin Boishy, sieur de la Cossevinière, qui resta à la Chantellerays. François Delatouche devint, en 1792, procureur de la commune.
Maître Michel Boisard, sieur des Fosses, marié à Charlotte Le Hurey, notaire et procureur fiscal de plusieurs juridictions, au bourg, 1783;
Anger-Gasnerais, à la Haute-Cossevinière;
Jéhannin-Buffardière, à l’Epinay, 1786;
Monclair, maître-chirurgien, au bourg;
Félix Bouessel de la Sermandière, 1791;
H. h. Pierre Piel-Bilourdière;
Joseph Bouessel, maître en chirurgie, procureur de la commune, 10 novembre 1791;
Guillaume Delatouche, fils de François et de Marguerite Greffier, époux de Berthe Couërre, décédé à la Basse-Cossevinière, le 9 février 1787;
N. h. Joseph Piel-Loirie, marié à Thérèse Sansier, d’où Joséphine et Thérèse Piel, mariée à Louis Gautier, instituteur à Billé.

III

Prêtres de la Paroisse

Nicolas Chevrier;
Jacques Lohier;
Denis Boucel;
Louis Greffier;
Jean Gaulier;
Jacques Barbier;
Étienne Balluay;
Julien Louazon, sieur du Fresne;
François Dubois;
Julien Peudenier;
Nicolas Martin;
Joseph Bricet;
André Sauldrays;
Étienne Pelé;
René Cocquelin;
Jean Prioul;
Julien Bouessel;
Jean Prenvieille;
René Delaunay, sieur de la Rébergère;
Louis Durand, prêtre missionnaire;
Bourdon;
Guillaume Picquenard;
Germain Bunel;
Louis Pirotais;
Pierre Bricet, sieur de la Châtaignère;
Jacques de Brézel;
Michel Boishy, “décédé en son manoir de la Chantellerays”;
Guillaume de Bigot, sieur de la Bordelière;
de Bouessel, sieur du Volandry;
Pierre Delatouche, fils d’h. h. Delatouche-Bactière, décédé recteur de Vendel;
Adrien Delatouche, frère du précédent, vicaire de Combourtillé, puis retiré à Vendel (1750);
René Métivier; son père était médecin à Billé;
Pierre-Michel Delatouche, fils de Jean et de Perrine Guibert, né à la Cossevinière, prêtre en 1823, vicaire de Vieuxvy, recteur de Romazy, retiré à Rennes et inhumé à Billé.
Pierre Anger-Ganerais, fils de Jean Anger et de Jeanne Bûcheron, prêtre en 1834, vicaire du Theil, de Saint-Georges de Reintembault, décédé recteur de Parigné;
Pierre-Marie Delamarche, fils de Jean-Marie et de Jeanne Lechat, né à la Chapelle-Saint-Aubert, mais élevé à la Cossevinière, prêtre en 1854, vicaire à Cornillé, Saint-Coulomb, Pipriac, etc..., décédé curé de Coutûre, au diocèse de Blois;
Pierre-Marie Sansier, fils de Pierre et de Jeanne Pitois, prêtre en 1855, vicaire de Betton, Saint-Sulpice de Fougères, recteur de Saint-Hilaire-des-Landes;
Joseph Erard, fils d’Ange et de Julienne Morel, né à Lécousse, mais élevé à Billé, prêtre en 1868, vicaire à Luitré, aumônier de Rillé;
Jean-Marie Erard, frère du précédent, prêtre en 1876, vicaire du Pertre et de Saint-Malo;
Pierre-Marie Sourdin, fils de Pierre et de Jeanne Froc, prêtre en 1877, vicaire de Saint-Ouën-la-Rouërie et de Saint-Étienne de Rennes;
Alexandre Régnault, fils d’Amand et de Thérèse Sansier, prêtre en 1884, vicaire de Piré, Montfort et Notre-Dame de Rennes.

IV

Billé Commune

Par décret de l'Assemblée constituante et lettres patentes du Roi, en date du 4 mars 1790, le district de Fougères comprit neuf cantons. Le second était celui de Billé, comprenant les paroisses de Billé, La Chapelle-Saint-Aubert, Chienné, (Saint-Georges-de-Chesné), Combourtillé et Vendel. Par arrêté des consuls en date du 27 brumaire an X, l’arrondissement de Fougères fut réduit à 7 cantons; celui de Billé fut supprimé, et Billé fit désormais partie du canton Sud de Fougères.

Procureurs de la commune.
François Delatouche, notaire, 1790; Joseph Bouessel, médecin, 10 novembre 1791.
Présidents de l’administration du canton.
Jean Herber, an II; Jean Jéhannin, an VII.
Maires.
1° M. Hunault, doyen, nommé maire de Billé, signe en cette qualité au baptême d’un enfant de François Delatouche, le 20 juin 1790;
2° Jean Jéhannin était déjà maire au 24 frimaire 1794. Il resta à la tête de la commune jusqu’au 15 décembre 1815.
Dans la séance du 10 mai 1814, le Conseil prit la délibération ci-après: “Le Maire, l’adjoint et les membres composant le Conseil m. de Billé et le percepteur des contributions du canton s’étant assemblés, aux fins de convocations faites par le maire, en la chambre de la mairie, lieu ordinaire de la séance, délibérant tous ensemble, donnent leur adhésion pleine et entière aux actes du Sénat et du Gouvernement provisoire pour le rappel de l’auguste dynastie des Bourbons sur le trône du royaume de France, et ont tous signé après lecture”;
3° Jean Briand, adjoint du précédent, devint maire après lui. Il eut pour adjoint Joseph Jéhannin, qui mourut en 1820, et fut remplacé par Jean Delatouche, le 8 juillet de la même année;
4° Joseph Fouro, nommé maire le 17 janvier 1822, eut pour adjoint Pierre Sansier. A l’avènement de Louis-Philippe, M. Fouro fut révoqué comme maire de Billé. Deux des membres du conseil, Pierre Lemonnier et Jean Briand restèrent seuls fidèles à la cause des Bourbons, refusèrent le serment au nouveau gouvernement, et mirent leur démission de conseillers. Il furent remplacés par Jean Leporchet et Joseph Delatouche. Le gouvernement nomma maire:
5° Pierre Chevalier, le 22 novembre 1830, et Pierre Sansier resta adjoint;
6° Joseph Delatouche, nommé maire le 4 octobre 1840; adjoints, Duplessis, Leblanc..., etc;
7° Amand Delatouche, maire le 14 mai 1871, adjoints, J; Bazin, Hthe Cupif...
Instituteurs. - Il est établi qu’avant la révolution, les propriétaires de Mézauboins entretenaient, à leur frais, deux institutrices dans les dépendances de leur château. Le Conseil municipal réclama longtemps un instituteur pour la commune. Le 9 novembre 1834, il présenta Michel-Marie Lanoe; le 13 septembre 1836, Raoul Beaugendre; le 8 octobre 1837, Magloire Boisard qui déjà faisait la classe, comme instituteur libre, à la Chantellerais. Ni l’un ni l’autre n’eurent l’agrément de l’autorité qui nomma un Monsieur Hunsingère, bientôt démissionnaire. Le conseil présenta pour le remplacer M. Louis Gautier, qui resta instituteur à Billé depuis le 18 octobre jusqu’en juin 1881 qu’il mourut, aimé et regretté de tous.
Après lui, MM. Saulton, Micoin et Gilbert ont rempli à Billé les fonctions d’instituteurs.
Institutrices. - 1° Marie-Louise Lebourdais, fut nommée institutrice provisoire, en 1835, et remplacée par;
2° Thérèse Sansier, qui épousa M. Amand Régnault. Après elle les religieuses de Rillé furent installées comme institutrices à Billé.
Officiers de l’état civil. - 1° Porée, curé-intrus de Billé (27 novembre 1792 à 23 avril 1793);
2° Jean Jéhannin, maire et officier public;
3° Michel Boisard (an IV-V);
4° Pierre Chevallier (25 germinal an V);
5° Jean Beaugendre (2 germinal an VI);
6° Michel Delamarche (anVII); puis les maires dont nous avons plus haut donné les noms.
Juges de Paix.
Les premiers registres de l’époque révolutionnaire et de la constitution du canton faisant absolument défaut à la mairie de Billé, nous ne donnons sur cette époque que les renseignements trouvés dans quelques papiers de famille.
M. Jean Hamon fut très probablement le seul Juge de Paix du canton de Billé. Je n’ai vu nulle part le nom de son prédécesseur, et deux actes différents le montrent Juge de Paix en l’an VI et le 12 germinal an IX. En l'an X, le canton de Billé était supprimé.

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