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Affaire de la Royandière

Affaire de la Royandière
(6 novembre 1793)

LLes faits sont rapportés dans un procès verbal du 6 janvier 1794 des déclarations de Marguerite Marcillé, âgée de 64 ans, veuve de Nicolas Delatouche, demeurant au village de la Royandière devant Jean Hamon Juge de Paix et Officier de police du canton de Billé. C'était le 6 novembre précédent, peu de temps après que Fougères eut été prise par l'armée catholique. Le nommé Jean Bertrand dit Fauvelière de la Buharais se présenta à la Royandière avec cinq autres chouans et exigea que la dame lui donne ses chevaux. Bien que se plaignant de la qualité de l'un d'eux, il n'en repartit pas moins avec les deux chevaux de la ferme avec ses complices. Après l'évacuation de la ville de Fougères par l'armée vendéenne, Pierre Delatouche, le fils de Marguerite et de Nicolas Delatouche voulut récupérer un des chevaux chez Jean Bertrand qui l'avait chez lui. Ce dernier affirma ne pouvoir le lui remettre parce qu'il appartenait à l'armée chrétienne et demanda, de surcroît, que lui soit fourni du foin et de l'avoine pour le nourrir. La plaignante affirme avoir obtempéré. Pourtant, Jean Bertrand renvoie le cheval à la Royandière avec une partie du fourrage qui lui avait été fourni. Dans le même procès verbal, le témoignage de Marie Moutel, âgée de 23 ans, servante chez la dite veuve Delatouche corrobore en tous points les affirmations de sa maîtresse.

Dès le lendemain, Jean Bertrand est convoqué devant le Juge de Paix. Interrogé sur son emploi du temps du 16 brumaire, il affirme être venu au Bourg pour acheter du gruau et des sabots et qu'alors il a été sommé par un groupe de brigands de les suivre. Il ne reconnaît pas avoir joué le premier rôle à la Royandière mais avoir dû agir sous la pression de ceux qui l'accompagnaient. Pour preuve, c'est qu'il est reparti avec celui des chevaux qui était poussif. Par contre, il a bien gardé chez lui ce cheval par la suite et exigé qu'on lui fournisse de la nourriture. Après avoir quitté la Royandière, le groupe est allé à la Basse-Tollerais chez un nommé Duby où il ont mangé et bu. À la suite de quoi ils se sont rendus à l'église où plusieurs méfaits ont été commis dans le cimetière et dans la sacristie. Là encore Jean Bertrand déclare qu'il n'a rien fait de répréhensible étant seulement contraint de les suivre.
Le Juge Hamon conclura à la culpabilité de l'homme qui sera alors aussitôt transféré à la maison d'arrêt du district de Fougères.

Le 17 janvier 1794 Jean Bertrand comparaît devant la Commission Militaire Révolutionnaire Brutus-Magnier. Il fera les mêmes réponses à l'interrogatoire que devant le Juge de Paix, déclarant avoir été contraint et non responsable des faits reprochés. Sa défense ne suffira pas à lui épargner la condamnation à mort et il sera guillotiné le même jour à deux heures de l'après-midi.

Cette triste affaire se serait arrêtée là si le condamné n'avait, avant son exécution, dénoncé deux autres personnes au Citoyen Lefèvre, Vice-Président de la Commission. J'ai mérité la mort, vous ou plutôt la loi me l'a donnée. Je m'y conforme et je ne vous en veux pas, mais je veux auparavant de paraître devant Dieu vous faire connaître ceux qui m'ont entraîné dans mon malheur où je suis plongé. Voici les noms de ces malheureux:
Joseph Chevallier, demeurant à Luctière, paroisse de Billé est lui seul cause de ma perte. C'est lui qui m'a entraîné à brigander et c'est lui qui a commis le plus de pillage au presbytère et qui a comme moi enseigné les chevaux des nommés Latouche...
Le nommé Vannier est encore un de ceux qui s'est porté aux pillages et brigandages; qui, comme ami, avec moi a fait ni plus ni moins.

Voilà donc deux autres personnes qui se retrouvèrent face à la Commission Brutus-Magnier. Sans rentrer dans les détails, nous mentionnons que, si Joseph Chevallier sauva sa tête, Julien Vannier, âgé de 55 ans, laboureur à la Ménardière fut exécuté à Fougères le 21 avril 1794.

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dernière mise à jour de cette page le 23/01/2023 à 11:07:07